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Ninja Chouket et le Mange-doudou
Chapitre 9
Une intense course poursuite s’était engagée dans les dédales du grand temple du Doudou-Philosophale. Iris et Le Fennec filaient le plus rapidement qu’ils pouvaient dans les étroites cavités qui s’enfonçaient vers les sous-sols de la ville. Derrière eux, une horde de monstres en tout genre se ruaient à leur poursuite.
— Surtout, ne te retourne pas ! Ils sont juste derrière nous !
Le Fennec qui venait de faire cette remarque avec un certain empressement cavalait derrière le ninja rose bonbon.
— Il faut qu’on arrive à les semer ! Qu’est ce que tu choisis, droite ou gauche ?
Une bifurcation se présentait en face de la petite fille.
— Quoi ? Heu, droite ! réagit finalement le petit renard blanc.
— De toute façon j’ai pas encore appris la droite et la gauche donc on va par là !
Et elle s’engouffra de ce côté-là.
Sur les murs, des flèches semblaient indiquer que la bonne direction était dans l’autre sens.
— Non, c’est pas par là !
— Ok, demi-tour ninja !
Iris s’arrêta net mais hésita avant de repartir dans l’autre sens. La horde de méchant-loups, croque-mitaines et autres lapins enragés se précipitaient déjà dans la même galerie.
— On fonce ! Ninjaaaaaa…
— Ça va pas ? Ils sont beaucoup trop nombreux ! retint le renard blanc, on file dans l’autre sans !
Et ils reprirent leur course à contre-sens des flèches, continuant de descendre à toute vitesse sans savoir ce qui les attendait au bout. Tout à coup, un mur apparut devant eux, fermant définitivement le tunnel. Le Fennec ne put s’empêcher une exclamation :
— Mer(de)… credi, c’est un cul de sac !
Iris n’avait pas encore entendu cette expression. En entendant les mots « cul de sac », elle éclata de rire. Mais un rire silencieux, un rire de ninja.
Rire ça détend, mais ça ne règle pas les problèmes. Iris et Le Fennec étaient acculés contre le mur, sous la menace d’une horde de monstres. La situation semblait désespérée. Face à tant de monstres, la petite ninja perdit son assurance. Et la peur commença à monter.
— Il ne faut pas que tu te laisses envahir par le cauchemar. Sinon, tu vas te réveiller et on pourra plus prendre le Doudou-Philosophale.
— Ça a l’air facile à t’entendre ! Je te rappelle que je suis une enfant de trois ans (et demi) ! Alors j’ai peur des monstres, voilà !
— C’est pas le moment de se disputer. Si seulement on pouvait passer à travers les murs…
En réalité, ils peuvent très bien traverser n’importe quelle cloison, ils sont dans le monde imaginaire. Mais ils semblent l’ignorer. Je rappelle à l’assistance que se sont les décors qui bougent et non les voyages qui sont accélérés. Il suffirait en fait à Iris de vouloir se retrouver devant le Doudou-Philosophale pour qu’il soit immédiatement transporté devant elle. Mais regardons plutôt comment ils vont s’en sortir (ou pas)…
Devant l’urgence de la situation, Iris eut une idée de génie. C’est un peu normal en tant que dernière représentante des moines chouketins elle gagne une idée géniale tous les quatre chapitres. (Moi je trouve que l’auteur se la joue un peu facile, il s’arrange un peu trop comme il veut). Donc, avec une idée géniale tous les six chapitres peut-être que le narrateur qui n’est pas censé aller à l’encontre de l’auteur va me laisser continuer mon récit ? (D’accord, vas-y, tu fais comme tu veux. Après tout c’est ton histoire).
Donc, Iris eut une idée géniale :
— Leshantome ! Viens à mon secours ! cria-t-elle alors qu’un écureuil-garou montrait les dents en avant de la horde de monstres.
— Qui c’est Leshantome ? demanda le petit renard blanc.
— C’est un fantôme, il vit chez papi-mamie, il fait bouger les chaises au petit déjeuner.
Effectivement, un fantôme translucide genre drap blanc avec deux trous pour les yeux apparut.
— OOuuuuuuuuuuue, dit-il poliment.
— Vite Leshantome, vas chercher le Doudou-Philosophale et ramène le chez papi-mamie. Garde-le précieusement, je viendrai le chercher dès que possible. Vite !
— OuuuuOuuu, répondit le fantôme avant de disparaître à travers le mur.
— Papaaaaaaaa ! Papaaaaaaaa !, cria Iris en quittant le monde imaginaire.
Mais qu’est-ce qu’elle fait comme cauchemars ces temps-ci. Elle n’aurait pas les dents qui poussent ?
(N’importe quoi, cette histoire ça devient vraiment n’importe quoi…)
Chapitre 10
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Sparadraps, crème antidouleur, bandages, atèles… Iris avait passé la matinée à soigner ses doudous. Le Fennec eut droit à un bandeau sur l’œil et des pansements sur chaque bras. Tigrounou était rentré dans un état critique. Iris n’eut d’autre choix que de le bander de la tête au pied. Tant et si bien que lorsque la petite fille arriva chez ses grands parents, ils crurent que ce dernier était un nouveau doudou en forme de momie.
Après le départ de ses parents, Iris tenta d’expliquer à ses grands parents que ses doudous étaient convalescents. Elle prit tout le temps du repas à décrire les différentes interventions nécessaires à leurs soins. Mais comme papi-mamie ne comprenaient rien, elle dût répéter plusieurs fois. Le langage universel c’est quand même mieux. Et pendant ce temps elle ne mangeait rien. La crise explosa d’un coup. Un ultime « Mange ! » aboyé comme un ordre militaire. Des pleurs, des cris et paf, au lit. Iris se retrouva couchée avant d’avoir pu expliquer correctement comment soigner ses doudous. Les grandes personnes sont trop terre à terre. Mais comment « manger trois pâtes et du canard » pouvait avoir plus d’importance que le Mange-Doudou ?
Iris ne pouvait pas s’endormir tout de suite. Il fallait d’abord prendre contact avec Leshantôme et récupérer le Doudou-philosophale. Elle attendit de se retrouver seule dans la chambre puis elle se redressa contre les barreaux qui entravaient sa liberté l’empêchaient de tomber. Ensuite, elle appela son ami fantôme sans attirer l’attention du reste de la maison.
— Lesantom, chuchota-t-elle.
— OOOuuuuuuuuuuu, répondit tout doucement le fantôme qui savait se faire discret.
— N’atule doudouphouphal ?
Ne vous inquiétez pas, on va pas rester longtemps dans le monde réel.
— OOOuuuuui, houhouta-t-il.
Puis, le fantôme laissa tomber un petit ours en peluche. Celui-ci était terne et très abîmé. On pouvait difficilement deviner qu’un jour il fut un éclatant ourson brun et rose tant il était nuancé de grisaille. Il avait de nombreuses coutures déchirées d’où il perdait son rembourrage. Un vieux bouton pendait encore à l’œil droit et un fil sombre constituait le gauche.
— Quoi ? C’est ça le Doudou-Philosophale ? Un ourson en peluche défraîchi même pas vivant ? s’écria Le Fennec complètement abasourdi. Et qu’est-ce qu’on est sensé en faire ? Comment il va nous aider à chasser le Mange-doudou ?
A présent, le monde imaginaire était terne et fade. Les lieux semblaient s’effriter autour de nos héros. Tout ici ressemblait à un gigantesque bloc de glace en train de fondre. Les décors dérivaient aléatoirement sur une mer de couleurs tristes délavées.
— Je ne sais pas moi. Il faut qu’on l’amène à Diamant. Elle saura sûrement quoi en faire.
Malgré la peur ambiante l’envie d’Iris paraissait inaltérable. (Et c’était tant mieux parce que sinon l’histoire pouvait se terminer ici).
— Mais où est-elle ? Le bois-à-loup a disparu.
Le Fennec constatait que tout avait effectivement bien changé. Il accompagnait seul la petite ninja rose. Tigrounou étant encore trop mal en point.
— On va y aller en voyage universel ! Le petit bois ! Ninja ! cria-t-elle dans le vide.
Mais rien ne se passa. Aucun décor ne fut projeté sous leurs pieds. Tout continuait de fondre lentement pour se mélanger dans une sorte de marron-violet. Sous l’influence néfaste du Mange-doudou, les marmottes se sont mises en grève et le système ne marche plus.
— Comment on va faire pour retrouver Diamant sans le voyage universel ? demanda Le Fennec qui parut très inquiet.
L’ombre de peur s’approchait imperceptiblement…